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Les tribulations d'une apprentie maman au pays des petits suisses
7 février 2013

Philosophie dans la cuillère

Après celle dans le boudoir, voici mes humbles pensées de la cuillère (pour ceux qui me trouveraient l'esprit un peu trop tordu pour un article sur bébé, je tiens à les rassurer, le lien entre boudoir et cuillère s'est fait autour d'une réflexion sur la raison du côté Has Been des charlottes (le dessert). 

Voici près de deux semains que Babygirl tâte de la cuillère ( au sens littéral bien sûr, puisqu'elle adore mettre ses mains dedans), et je constate, encore une fois, avec stupéfaction, qu'aucun livre ne m'avait préparé à l'ampleur philosophique (n'ayons pas peur des mots) de cette révolution.

La première chose, qui peut sembler être une évidence aux mamans expérimentées, relève plus du syllogisme chimique que de la philosophie. En effet, dans une équation chimique, pour des réactifs donnés dans une quantitée donnée, vous obtenez un produit donné (et parfois de l'energie). Or ici, nous avons changé les produits (les carottes, les haricots verts, les bananes). Donc le résultat de la digestion est chamboulé. En langage normal, si vous changez ce qui entre, vous changez fatalement ce qui en sort. Et là, pas un petit avertissement chez Laurence Pernout pour me préparer à l'étendue des dégâts. J'ai mis 5 couches et changé 6 bodys avant de comprendre qu'il aurait été préférable de faire un stage d'apnée et de changer de lotion bébé. Mais passons.

Le plus formidable dans la cuillère, c'est toutes les découvertes qui y sont associées dans la tête de Babygirl. A commencer par la notion ô combien primordiale du temps. Avant, c'était facile, la nourriture venait en un flux continu ininterrompu et donc le repas était calme. Or avec la cuillère, il faut bien un délai d'attente le temps de recharger la cuillère. Et c'est ainsi que le monde un peu pépère de Babygirl a éclaté (en sanglots). Il fallait dorénavant compter sur ces quelques secondes le temps de remplir de nouveau la cuillère. Elle a dans le même temps découvert la relativité du temps, comprenant que les quelques secondes peuvent paraitre des heures lorsqu'on a faim, et surtout lorsqu'on n'a aucune certitude sur le fait que la nourriture revienne ou non.

Vient ensuite la découverte de la mémoire. Je vous rassure tout de suite, Babygirl n'est pas un génie ultra-précoce, elle n'a aucun souvenir entre un repas et un autre du temps d'attente nécessaire. Mais il arrive parfois que la mémoire vive (enfin, la mémoire immédiate), perce une lumière dans le flou de son esprit. Ainsi, parfois, à la fin du repas, elle ne pleure plus entre la 7ème et 8ème recharge, se souvenant d'avoir vécu depuis plusieurs minutes la même expérience avec un résultat concluant.

Puis il y a la confiance en sa maman. Chez les bébés comme chez les adultes, un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Et pour cette raison, une fois sa cuillère, même vide, en bouche, Babygirl s'y accroche comme à une bouée. Après tout, c'est le seul lien concret qui la relie à la nourriture. Mais peu à peu (vraiment peu à peu, je sens toute la lenteur de l'opération à chaque tentative), voyant que sa super maman revient toujours après quelques secondes (ça irait plus vite si je pouvais tenir l'assiette dans mes mains mais à chaque fois elle plonge ses doigts dedans), elle va vraiment lâcher prise et accorder une confiance presque aveugle à sa maman qui lui rapporte la cuillère pleine. C'est beau l'amour, non? 

Et enfin, c'est bien connu, le repas est en France un lieu d'échange et de discussion passionnée. Le passage à la cuillère a fait entrer l'art de la conversation à table. Babygirl et moi communiquons en effet depuis peu, et grâce à la cuillère. Vous en voulez la preuve? Babygirl ferme les yeux, la bouche et pleure: ça veut dire NON. Babygirl tourne la tête pour éviter la cuillère, ça veut dire NON. Maman enlève les doigts de Babygirl de la cuillère, ça veut dire NON. Babygirl suce son pouce, son bavoir ou son col à la place de la cuillère, ça veut dire NON. Babygirl jette un regard larmoyant vers le biberon que maman a oublié de cacher, ça veut dire NON (à la purée). Et pour dire "Merci ma maman chérie ta compote est vraiment bonne, tu es la meilleure des mamans", bon, pour celui là, on est encore en train de s'entraîner mais je garde espoir!

Bonne soirée !  

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T
A quand la théorie de la fourchette?
Les tribulations d'une apprentie maman au pays des petits suisses
  • Les aventures fantastiques d'une maman en herbe à Genève, avec pour fidèles compagnons son mari fantastique, et sa famille légendaire, et pour seules armes les grimoires de Laurence Pernoud et son légendaire sens de l'auto-dérision.
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